Le collectif des employés du quotidien national La Tribune ne baisse pas les bras, deux semaines après la décision de cessation de parution du journal prise par deux associés minoritaires, titulaires de 18% de l’actionnariat. Ainsi, dans un communiqué, remis à notre rédaction hier, les journalistes et assimilés de la presse exerçant dans ce journal appellent à l’aide et à la solidarité de tous pour le maintien en vie du quotidien. Fondé par les défunts Kheireddine Ameyar et Bachir Cherif Hacène, en 1994, dans le feu d’une décennie noire qui a endeuillé la famille de la presse et au-delà toute l’Algérie, La Tribune a vu deux de ses actionnaires prendre une décision, jugée «hâtive», de mettre la clé sous le paillasson, le 9 août dernier. Ceci, dans la mesure où les associés en question se sont contentés d’annoncer la mauvaise nouvelle aux journalistes de la rédaction. Choqués, mais surtout indignés de n’avoir pas été associés ou même consultés, le collectif s’est organisé depuis pour maintenir la pression et tenter de maintenir en vie le quotidien. «quelles que soient les raisons invoquées pour justifier cette liquidation, nous réitérons énergiquement notre attachement à la sauvegarde du titre La Tribune : outil de travail et employeur d’une soixantaine de travailleurs tous corps confondus», pouvait-on lire dans le communiqué, faisant office de procès verbal d’une Assemblée générale du collectif, tenue samedi dernier. Cette réunion, abritée par le siège du Syndicat national des journalistes (SNJ) en présence de son SG, Kamel Amarni, a été sanctionnée par une plateforme de revendications. Deux appels y figurent. Ainsi, le collectif s’est adressé à l’ensemble des associés de la Sarl Omnium Maghrébin de Presse qu’il appelle à la convocation d’une AG extraordinaire, à laquelle seront invités leurs représentants en qualité d’observateurs, afin de «se prononcer sur le devenir du journal et des employés».
Le deuxième est un appel est celui du cœur et s’en remet à l’aide «des forces vives du pays, membres de la corporation, intellectuels, partis politiques, organisations syndicales et autorités compétentes». Outre la désignation de deux représentants, le collectif a prévu de tenir un sit-in, demain à 11h, à la Maison de la Presse «Tahar Djaout». Dans son communiqué, le collectif n’arrive toujours pas à comprendre comment un journal, riche d’une expérience longue de 23 ans, dont «la liberté d’expression» et «le droit à l’information, vu autrement», font la devise même de ses fondateurs, sera «liquidé» d’une façon «arbitraire» et sur «décision unilatérale…». «Est-ce normal ? Est-ce juste ? Est-ce légal», s’interrogent les employés de La Tribune. En dépit de ce qui s’apparente à «un fait accompli», journalistes et personnel du quotidien se disent maintenir la résistance «pour défendre le titre qui a compté dans le paysage médiatique du pays». Pour rappel, les héritiers Ameyar qui détiennent 46% du capital de la société éditrice se sont opposés à la liquidation du quotidien. Pour ce faire, la veuve de Kheireddine Ameyar a introduit, le 16 août dernier, une demande d’intervention volontaire auprès des juges des référés, pour faire part de son refus de la décision de cesser la parution du journal.
Farid G.
Source : lecourrier-dalgerie
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