Avant même de voir venir les premiers fruits de sa stratégie en terme de diversification de l’économie, Ahmed Ouyahia doit affronter un taux de chômage et une inflation en hausse, un front social quelque peu fiévreux sur son flanc «autonome» et certainement une opposition très remontée contre lui.
Ce qui était dans l’air, au lendemain de sa nomination à la tête du gouvernement, est aujourd’hui confirmé. Ahmed Ouyahia s’adressera aux deux Chambres du Parlement et présentera donc son plan d’action, visiblement différent de celui de son prédécesseur. Les observateurs de la scène nationale mettent, néanmoins en évidence, que sur les grandes lignes, le Premier ministre actuel restera sur la même dynamique que celle de Abdelmadjid Tebboune. Il faut dire que tout Premier ministre est censé tirer son plan d’action de la même matrice qui se trouve être le programme du président de la République.
Annoncée dans le courant de la troisième semaine de septembre prochain, la sortie publique du Premier ministre révélera la méthode plus que les objectifs qui devraient être les mêmes que ceux de son prédécesseur. L’action sociale de l’Etat, le non recours à l’endettement extérieur, plus de rigueur dans la gestion des finances publiques seront donc le squelette sur lequel Ahmed Ouyahia tissera son plan d’action. L’on imagine d’ores et déjà que le discours et l’action éviteront toute attitude de confrontations avec les partenaires de l’Etat. Le patronat et l’UGTA seront associés à la stratégie que déploiera le Premier ministre sur le terrain.
Cela étant, le retour de la sérénité entre les acteurs économiques et sociaux n’est pas forcément une garantie de réussite du Premier ministre qui aura à dépasser une situation plutôt complexe à tout point de vue. En effet, avant même de voir venir les premiers fruits de sa stratégie en terme de diversification de l’économie, Ahmed Ouyahia doit affronter un taux de chômage et une inflation en hausse, un front social quelque peu fiévreux sur son flanc «autonome» et certainement une opposition très remontée contre lui.
Ces facteurs, de nature à compliquer l’action du gouvernement, s’ajoutent à la nécessité de remettre beaucoup de choses en l’état. Il est fondamentalement question de ces nombreuses commissions installées par son prédécesseur destiné à remettre à plat les actions de tous les gouvernements successifs depuis l’année 2000. Dans l’industrie, l’agriculture, les énergies renouvelables et le tourisme, Ahmed Ouyahia sera tenu de poursuivre l’action de l’Etat, tout en y apportant quelques correctifs pour une meilleure efficacité sur le terrain. Ce ne sera pas de tout repos, sachant les disponibilités financières du pays et les défis qui attendent le gouvernement sur l’année 2018.
Pour cette année 2018 justement, l’action économique est certes essentielle, mais le Premier ministre a d’autres dossiers tout aussi «explosifs». Le plus important concerne l’amendement du code du Travail qui posera à n’en pas douter un sérieux problème avec les syndicats autonomes. Rompu aux négociations, le Premier ministre a sans doute sa petite idée sur le sujet, même si Abdelmalek Sellal a tenté de désamorcer la situation en associant l’ensemble des organisations syndicales dans la réflexion.
L’autre texte «stratégique» qui engage le pays sur une longue période est la loi sur la Santé. Décriée par certains, soutenue par d’autres, retirée du bureau de l’APN pour une seconde lecture au niveau du Conseil des ministres, cette loi fera aussi parler d’elle sous la gouvernance de Ahmed Ouyahia.
C’est dire donc Ouyahia n’a pas seulement le volet économique et social à gérer. Il est Premier ministre de plein exercice. A ce titre, il répondra à toutes les situations qu’affrontera la société d’ici à la mi-2019.
Alger: Smaïl Daoudi
Source : ouestribune-dz
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