
Dans la «guerre» annoncée du ciment, le champ de bataille est aussi large que le continent africain.
En terrain conquis, il y a quelques années, grâce à une forte demande sur leurs produits, les cimentiers établis en Algérie se préparent à une autre réalité où l’offre qu’ils proposent s’est démultipliée en l’espace de quelques années seulement. Le P-DG de LafargeHocilm Algérie, Jean-Jacques Gauthier, a évoqué, ce jeudi, à Alger, cette situation qui oblige son entreprise à une adaptation très rapide. Le P-DG qui s’exprimait devant un parterre de clients et de partenaires de LafargeHocilm venus assister à une cérémonie de remise de prix au concours d’architecture parrainé par l’entreprise qu’il dirige, a annoncé des chiffres, pour le moins, impressionnants. L’on apprendra, lors de son allocution d’ouverture de ladite cérémonie que le potentiel de production de ciment atteindra les 45 millions de tonnes, dans un avenir proche, pour une demande locale n’excédant pas les 25 millions de tonnes. A titre illustratif, «la production de la France est de 17 millions de tonnes», révèle Jean-Jacques Gauthier.
L’équation est toute simple et suppose que les cimentiers publics et privés activant en Algérie devront multiplier d’ingéniosité pour écouler la production excédentaire. Un mal pour un bien pourrait-on dire, puisque cette nouvelle donne aura un effet direct sur le rapport qualité/prix des produits. Mais si ce genre de situations procure une certaine satisfaction aux clients algériens, publics et privés, qui n’auront plus à se soucier de la disponibilité du produit et de son prix, le déséquilibre criant entre une demande très largement satisfaite et une offre excédentaire, posera forcément le problème de la viabilité pour nombre d’usines, réalisés à coup de dizaines de millions de dollars.
Le marché national peut-il objectivement absorber quelque 20 millions de tonnes de ciment supplémentaire dans une conjoncture financière difficile à l’origine d’une réduction significative des investissements publics? Le P-DG de LafargeHocilm Algérie ne fait visiblement pas partie de ceux qui répondraient par «oui» à cette question, puisqu’il a évoqué une situation de tension rapide et difficile à contrer. Mais il semble néanmoins que le groupe franco-suisse ne veut pas s’avouer vaincu et fourbit déjà ses armes dans une «guerre» commerciale où le salut de l’entreprise est d’abord dans la diversification de l’offre à l’interne et les exportations des surplus de production.
Le patron de LafargeHocilm Algérie sait que sur ces deux tableaux, l’entreprise qu’il dirige a déjà une bonne longueur d’avance sur ses concurrents. Les produits sortis de son laboratoire recherche et développement seront objectivement son fer de lance dans la bataille commerciale qui s’annonce difficile.
Les différentes solutions dans le revêtement des murs et des trottoirs déjà commercialisés, place l’entreprise à une tête au-dessus de la concurrence. Il y a également la chaîne de magasins «Batistore», susceptible de constituer un sérieux levier de croissance pour LafargeHocilm Algérie. Cela, sans oublier l’option de l’exportation, dont un programme a déjà été enclenché, avec une opération, à la fin de l’année dernière et d’autres dans le courant de l’année en cours. Autant dire que le numéro un mondial qui considère l’Algérie comme une base stratégique, a intériorisé la perspective d’une surproduction de ciment et s’emploie à s’assurer une place au soleil, quelle que soit «l’agressivité» des autres cimentiers, lesquels, visiblement, ne semblent pas être dans le même état d’esprit.Il reste que dans cette «guerre» annoncée, le champ de bataille est aussi large que le continent africain. Il faut dire qu’avec des niveaux de croissance record, de nombreux pays africains seront certainement demandeurs de ciment, quand bien même, ils en produiraient. Cette autre perspective très positive pour les cimentiers algériens pourrait être leur planche de salut. Et pour cause, pour des raisons de proximité et de facteurs de production très compétitifs, le ciment extrait en Algérie a toutes les chances de trouver preneur dans une Afrique, actuellement en pleine construction. A LafargeHolcim on n’en parle pas encore en ces termes, mais on n’en pense pas moins, à voir les destinations des premières opérations d’exportation.
Source : lexpressiondz.com
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