Après la condamnation de plusieurs anciens ministres dont deux Premiers ministres ainsi que des hommes d’affaires, la justice a repris cette semaine l’examen de plusieurs dossiers liés à la corruption, malversations et dilapidation des deniers publics, entre autres.
Ainsi, au cours de la journée d’hier, plusieurs responsables et autres personnes proches d’anciens fonctionnaires ayant, dans le passé, occupé de hautes responsabilités au sein des institutions de l’État, ont défilé devant le juge d’instruction de la Cour suprême et celui du Tribunal de Sidi M’hamed. Il s’agit de Mohamed Hattab qui a occupé le poste de ministre de la Jeunesse et des Sports et wali de Sidi Bel Abbès et Béjaïa. L’ancien ministre a été auditionné, dans la matinée d’hier, par le juge d’instruction de la Cour suprême concernant le dossier de l’octroi de marchés publics non-conforme à la réglementation. Ce dossier est lié à l’affaire de la société ‘’Amenhyd’’, spécialisée dans le domaine de l’hydraulique appartenant aux frères Chelghoum, qui se trouvent en détention provisoire depuis août passé. Par ailleurs, l’ancien Secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Mohamed Djemaï a été aussi additionné par le juge d’instruction du Tribunal de Sidi M’hamed. Arrêté le 19 septembre dernier, l’ex-SG de l’ancien parti unique est poursuivi pour le chef d’inculpation de «menace et destruction de documents officiels ». Le juge d’instruction près le Tribunal de Sidi M’hamed (Alger) l’avait convoqué après que Mohamed Djemaï a renoncé volontairement à l’immunité parlementaire. De son côté, la Commission des Affaires juridiques, administratives et des libertés de l’Assemblée populaire nationale (APN) avait étudié, rappelons-le, la demande de levée de l’immunité parlementaire de trois députés dont Mohammed Djemai, introduite par le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Belkacem Zeghmati.
En plus de l’ancien SG du FLN, trois enfants de l’ancien Directeur général de la sûreté nationale (DGSN), Abdelghani Hamel, ont été auditionnés par le juge d’instruction du Tribunal de Sidi M’hamed. Les enfants de l’ancien DGSN ont été placés, le 5 juillet dernier, en détention préventive à la prison d’El Harrach (Alger). Ils sont poursuivis, ainsi que leur père et d’autres membres de leur famille, pour des affaires liées au «détournement de foncier et d’enrichissement illicite avec augmentation substantielle du patrimoine, blanchiment d’argent et transfert de biens obtenus par des faits de corruption à l’effet d’en dissimuler la source illicite dans le cadre d’un groupe criminel, incitation d’agents publics à exploiter leur influence effective et supposée dans le but de bénéficier d’indus privilèges ». Il est à rappeler que dans ce dossier, figurait aussi 13 personnes morales qui ont été mises en accusation, a ajouté la même source, précisant qu’il s’agit de sociétés commerciales appartenant aux enfants du principal mis en cause, Abdelghani Hamel. Au cours de la journée d’hier, trois inculpés dont le fils de l’ancien SG du FLN, Djamel Ould Abbès, -lui-même se trouve actuellement incarcéré à la prison d’El Harrach-, ont été auditionnés hier par le juge d’instruction de la Cour suprême. Les trois inculpés ont été poursuivis pour des affaires de corruption.
Dimanche dernier, le conseiller enquêteur près la Cour Suprême a auditionné l’ancien wali d’Oran, Miloud Cherifi. Ce dernier est accusé d’avoir accordé des avantages indus à l’homme d’affaires Ali Haddad. Le même jour, la demande de remise en liberté provisoire de l’homme d’affaires Issad Rebrab, déposée par ses avocats, a été rejetée pour la troisième fois par la chambre d’accusation du Tribunal de Sidi M’hamed.
Il est à rappeler enfin que le 10 décembre dernier, le juge du Tribunal de Sidi M’hamed a prononcé le verdict à l’encontre de plusieurs anciens ministres et hommes d’affaires impliqués dans le dossier de montage automobile et financement occulte de la campagne électorale de l’exprésident Abdelaziz Bouteflika. C’est l’ancien ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, qui a écopé de la peine la plus lourde, en plus d’un mandat d’arrêt international, jugé par contumace. L’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia a écopé d’une peine de 15 ans de prison ferme tandis que Abdelmalek Sellal, aussi ancien Premier ministre en l’occurrence, a été condamné à 12 ans de prison ferme. Il est aussi tenu également de s’acquitter d’une amende de 100 millions de centimes. De leur côté, les deux anciens ministres de l’Industrie Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda ont été condamnés à 10 ans de prison ferme.
Samir Hamiche