
Des barbecues, dressés devant les portes des domiciles des immeubles et sur des terrasses, dégagent des fumées à l’odeur pestilentielle couvrant le ciel des villes.
L’Algérien est-il boulimique à telle enseigne qu’il peut aller jusqu’à mettre en péril sa vie? Rien n’indique le contraire vu les bilans des différents problèmes gastriques traités par les urgentistes du service médical du CHU Benzerjeb ainsi que ceux de l’Etablissement hospitalier du 1er-Novembre de l’Usto. Ainsi, la consommation abusive de la viande rouge a dépassé le seuil de l’entendement, d’où la prise en charge de pas moins de 100 personnes qui ont été soignées par les médecins de garde des urgences médicales dudit hôpital.
La majeure partie de ces cas souffraient de petites gastriques et douleurs intestinales provoquées par l’abus de la consommation de la viande.
Les accidents domestiques, causés par l’utilisation des couteaux et autres ustensiles destinés à l’égorgement du mouton du Sacrifice, ont atteint le pic de 330 victimes. Celles-ci ont toutes été soignées par les urgentistes en recevant des traitements allant jusqu’à se faire suturer au niveau des mains et des doigts. L’Aïd est, chez des milliers de familles, une occasion à ne pas rater en se partageant la joie marquant une telle fête annuelle, d’où l’avidité observée dans la consommation, à commencer par la transformation des milliers d’habitations en véritables abattoirs clandestins et les cités en de géants restaurants à ciel ouvert. Des barbecues, dressés devant les portes des domiciles des immeubles et sur des terrasses, dégagent des fumées à l’odeur pestilentielle couvrant le ciel des villes. Là n’est qu’une petite partie de la face cachée de l’iceberg, une tradition aux mille facettes dont les maux et incidences sont énumérables! A quand la prise de conscience? Pas de sitôt, du fait que ce rituel est observé en se conformant à la religion, mais sans pour autant juger utile de prendre en compte les différentes Sourates invitant les fidèles à ne pas verser dans l’abus ou l’excès, mais c’est surtout la saleté causée par ces consommateurs de circonstance qui révolte. Sinon comment interpréter le fait que plusieurs cités, rues et ruelles ont, en un laps de temps record, changé de couleur en prenant la couleur du sang, rouge pourpre?
Idem pour les coins, recoins et entrailles des quartiers et autres cités qui, en l’espace d’une journée, se sont transformés en de véritables décharges sauvages où sont jetées toutes les formes de déchets ménagers dont plusieurs milliers de peaux de moutons du Sacrifice. Se putréfiant à la faveur de la forte chaleur, ces peaux ne sont pas sans impact direct sur le cadre de vie et l’environnement. Ainsi, ces rejets dégagent des odeurs pouvant répugner les plus résistants aux sales senteurs.
Les agents du nettoiement ont eu du pain sur la planche durant les deux journées d’une fête gâchée par des consommateurs transformés en tube digestif sans prendre en compte que leur comportement constitue un fait hautement dangereux pour la santé publique.
A Oran, tout comme un peu partout en Algérie, le concept environnemental continue à constituer un non-événement. Sur le plan économique, la fête de l’Aïd El Adha, qui ruine les ménages, peut s’avérer bénéfique, pour peu que des mesures courageuses soient prises.
Hélas, ce n’est point le cas tant que nos économistes et décideurs sont beaucoup plus coincés dans les chiffres du pétrole et du gaz et mettent de côté ces millions de peaux de moutons pouvant facilement faire l’objet de récupération avant de mettre en valeur leur apport économique.
D’autant plus qu’à Oran, les tanneries et les unités de transformation du cuir ne manquent pas. Là encore, il s’agit d’un autre débat faute d’une décision courageuse. La parenthèse est donc ouverte!
Source : lexpressiondz.com
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